Agadir


Nous arriverons au bout de la route en corniche
Et soudain la Kasbah se heurte à nos regards.
Elle semble assoupie, étirant ses remparts
Dans un silence épais sur une terre en friche.

Forteresse éventrée, elle reste debout,
Témoignage lépreux, fantôme solitaire,
Squelette décharné d'un tremblement de terre,
Vieille dame meurtrie, immense marabout.

Un rescapé nous dit : " Allah veille sur elle
On n'a rien dérangé... les morts ont leurs secrets "...
Et sur le champ pierreux nos pas se font discrets,
Dans Agadir figée ainsi qu'une chapelle.

L'homme ajoute alangui : " quinze mille morts... morts "...
Ce mot ricoche loin sur la ville engloutie,
Dégringole alentour sur la plaine abrutie
Témoin de ce séisme impie et sans remords.

Tout en bas son port tremble en l'éther diaphane.
L'océan vaporeux accroche les reflets
Des grands mâts ondoyant en d'étranges ballets   
Comme un rêve  irréel, voilé, sous cellophane.

L'homme dit : …" sa sour née en bordure des flots
Est Agadir la blanche en habit de Vestale,
Foyer bruissant de vie à l'ombre parentale "...
Le rescapé se tait ... pour taire ses sanglots.

Marie France MALMANCHE

Autre poème de
Marie France MALMANCHE

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