La vigne


Du chemin ombragé fleurant bon la girolle,
On voyait sur la lande un halo de chaleur.
Les grands pins tout autour chantaient leur barcarolle
Quand Éole enfiévrait sont Archet roucouleur.

Et la vigne était là, paresseuse, assoupie,
Étirant langoureux ses bras empanachés.
En atours de guipure, opulente, alourdie,
Elle abritait ses fruits sous sa robe à ruchés.

On soupesait sa grappe, écartant  sa ramure,
Nos doigts se faisaient doux. Sous le velours des grains.
Des sarments agités circulait un murmure,
Un froufrou d'émeraude aux reflets de pourprins.

A la vigne septembre offrait ors, amarante,
Transformant les fruits mûrs en grains d'ambre ou grenats.
Papa goûtait la chair, sirupeuse, odorante
Et fixait la vendange aux aubes d'incarnat.

Sur la lande au soleil, la vigne abandonnée
Laisse tomber ses bras décharnés et lépreux,
Impuissante à nourrir la grappe gangrenée.
Et les archets d'Éole ont des sons douloureux...

Marie France MALMANCHE

Autre poème de
Marie France MALMANCHE

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