LE FEU



Le soir mordait sans bruit les dernières lueurs
D'un jour maussade et froid ciselé par l'automne
Et le jardin perdait ses riantes couleurs
Pour se livrer entier à la brise friponne

L'imposante maison répandait dans la nuit
Les effluves subtils de son humeur intime,
Parfum de volupté s'échappant du conduit
Ou signe habituel d'un mort que l'on ranime.

Le foyer du salon projetait sur les murs
Les contours indécis des ombres familières
Et les flammes portaient jusqu'aux recoins obscurs
Les fragiles clartés des heures singulières.

Une femme lisait sur un tabouret bas,
Le front légèrement plissé par la souffrance,
Le visage marqué par le juste combat
Qu'elle seule menait contre l'indifférence.

Elle essuya ses yeux pour s'approcher du feu,
Puis elle tisonna la bûche aux étincelles
Avant de laisser choir le message d'adieu
Qui rejoignit l'enfer des époux infidèles.

BRUNNE FRANCIS

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